La Partie d'échecs

Le film "La Partie d'échecs" avait, en son temps, fait l'objet d'un article dans ce bulletin de la part d'Alain Jeanneau (cf. Echecs et Paf de mars 1994). En effet, ce film belgo-franco-suisse a été tourné en partie dans les châteaux de Challain La Potherie et du Pin en 1994. Commencé en 1991, ce film n'a vu le jour qu'en 1994. Yves Hanchar, le réalisateur belge de ce film reprend le thème de la compétition d'échecs dans la foulée de "La Diagonale du Fou" de Richard Dembo (et qui fera l'objet d'un autre article dans un prochain bulletin).

L'histoire se déroule au XIXème siècle. Un jour de 1828, Ambroise, un pasteur (joué par Pierre Richard dans un rôle à contre-emploi), sauve et recueille un jeune garçon de 12 ans, Max, orphelin aux idées suicidaires. Le soir même, Max découvre un jeu d'échecs dans les affaires du pasteur. Ce dernier veut l'initier, mais après 20 secondes d'explications succinctes, le jeune prodige, qui déjà a tout compris à ce noble jeu (même le déplacement de la tour qui lui vient logiquement à l'esprit !) pousse le pion e4 sans attendre… Voici la partie miniature reconstituée, malgré des incompréhensions dues au mauvais montage des plans effectués en studio :

Quelques années plus tard, et une adolescence échiquéenne émérite, Maître Max, jeune adulte excentrique et caractériel, reste invincible sur l'échiquier. Il ne tarde pas à rencontrer pour le titre mondial le champion du monde du moment : Maître Howard Staunton, un Lord orgueilleux. Une finale est organisée dans le château de la marquise de Theux (jouée par Catherine Deneuve), mécène passionné, qui n'hésite pas à mettre en jeu la main de sa fille avec sa dote et … 1000 livres or ! Aucun rapport avec le milliardaire Kirsan Iljumzhinov Président de la République Kalmouke et de la Fide…

Ce Championnat du monde sera l'occasion de scènes d'hystérie où Max (joué par Denis Lavant, l'acteur fétiche de Léo Carax le réalisateur du film : "Les amants du pont neuf"), qui aime à dire de ses origines : "je suis tombé de la lune sur un coin de pays qui fait 64 cases, c'est à la fois très petit, très étendu… si petit… si étendu…", se fera abuser de sa crédulité.

Le match doit se dérouler en deux parties gagnantes soit un maximum de trois parties jouées (la possibilité de nulles n'est même pas envisagée ?!). Deux de ces parties ont lieu dans les jardins du château de Theux. La première fait l'objet d'une scène assez insolite où une cinquantaine de spectateurs regardent bien sagement les deux joueurs s'affronter sur un petit échiquier de taille 3 ! L'échiquier s'agrandit au fil des parties pour terminer avec un jeu de taille démesurée et aux pièces méconnaissables ! (Staunton "le vrai" qui a laissé son nom à la forme des pièces actuelles à dû se retourner plus d'une fois dans sa tombe !).

Seule la deuxième partie a put être reconstituée, la troisième, est entre autres, prétexte à rappeler une ancienne règle où le joueur qui ne pouvait déplacer une pièce touchée, se voyait contraint par son adversaire de jouer n'importe quelle pièce de son choix dont le roi, ce qui habituellement est fatal pour le joueur maladroit. Dans cette troisième partie ce coup se retourne contre Maître Staunton, Max ayant feint une maladresse, le coup de roi que lui impose son adversaire entraîne une position gagnante contre toute attente !

Revenons à la deuxième partie qui fut, elle aussi, une partie réellement jouée. Il s'agit de la réplique de la partie Wilhem Steinitz - Kurt Von Bardeleben jouée en 1895 à Hasting. Max a gagné la première partie aisément, le titre est à sa portée mais il est tombé sous le charme d'Elise de Theux, qui, en secret, a préparé un plan avec Staunton. Sous les bons conseils de ce dernier, Max consent à prendre provisoirement le titre mondial pour garder, à vie, Elise. Ensemble les deux joueurs envisagent à l'avance les coups de la deuxième partie pour que Max soit victorieux :